Sommet extraordinaire de la CEDEAO et de l’UEMOA à Accra : De lourdes sanctions contre la junte malienne

Ce dimanche 9 janvier 2022 s’est ouvert à Accra au Ghana un sommet extraordinaire de la Communauté Economique Des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Il s’agit pour les chefs d’Etats qui ont effectué le déplacement de la Capitale ghanéenne de plancher sur la crise politique qui prévaut au Mali afin d'envisager conduite à tenir face à la junte au pouvoir à Bamako. Cette dernière a proposé, dans le cadre de ce sommet, un nouveau calendrier à l’expiration duquel elle entend rendre le pouvoir aux civils.

Cette proposition d’un nouveau calendrier est une réelle volonté de la junte militaire à maintenir le dialogue et la coopération avec la CEDEAO, estiment certaines personnalités proches du sommet.

Bien que le nouveau calendrier proposé à la CEDEAO par les militaires soit raccourci de 4 ans, celle-ci n'a pas manquer de leur faire pleuvoir des sanctions afin de maintenir sur eux la pression.

Arrivé au pouvoir en août 2020 par la force, Assimi Goïta et ses frères d’armes s’étaient engagés à remettre le pouvoir aux civils au bout d’une transition que des assises nationales vont établir la durée.

Cependant, ils trainent les pas face aux injonctions de la CEDEAO, l'institution sous-régionale qui souhaite un retour rapide à une vie constitutionnelle normale au Mali à l’issue des élections présidentielles qui, selon elle, doivent se tenir au plus tard en février 2022. 

L’insécurité persistante causée par des attaques terroristes au nord et au centre du pays a été le leitmotiv autour duquel s’est appuyée la junte pour organiser des assises nationales. A l’issue de ces assises, le 30 décembre 2021, les participants ont proposé une prolongation de la transition militaire jusqu’à expiration de 5 ans.

Certaine que la CEDEAO ne manqueraient de leur imposer des sanctions, les militaires au pouvoir au Mali ont approché l’institution sous-régionale avec un calendrier beaucoup plus court mais qui va au-delà de la date butoire fixée à février 2022.

Il faut souligner qu’à Accra, c’est, d’ailleurs un double sommet qui s'est tenu : celui de la CEDEAO et de l’UEMOA. La crise politique malienne a emmené les Chefs d’Etat Ouest-africains à organiser ledit double sommet afin d’harmoniser leurs points de vues et statuer de manière concertée sur la conduite à tenir face à la junte militaire malienne.

La CEDEAO, apprend-on des sources proches du sommet, a adopté les mesures prises par l'UEMOA. Des sanctions draconniennes viennent d'être prises contre la junte par l'institution sous-régionale, expliquent les mêmes sources, des sanctions qui vont du gel des avoirs maliens au sein de la BCEAO à la fermeture des frontières entre le Mali et les pays membres de l'organisation en passant par la suspension des transactions économiques et commerciales avec Bamako. Seuls les produits médicaux et de première nécessité ne sont pas concernés par les mesures prises à l'issue du sommet. L'institution sous-régionale a, en outre, instruit à ses Etats membres de retirer leurs ambassadeurs du Mali.

C'est là, un véritable bras de fer que viennent d'engager les pays ouest africains contre le Colonel Assimi Goïta et ses compagnons d’armes, bras de fer qui risquerait d'étouffer l'économie du Mali et ses populations qui, depuis fort longtemps, se trouvent dans une terrible situation de précarité dont la principale cause est le terrorisme.

En rappel, la CEDEAO a, déjà, imposé des sanctions contre 150 personnalités maliennes qu’elle accuse d’obstruer les voies conduisant aux élections. Un gel des avoirs financiers et une interdiction de voyager ont été annoncés par l’institution sous-régionale contre ces personnalités.  

La situation politique actuelle a divisé les populations du Mali en deux clans antagoniques. D’un côté, les partisans du pouvoir militaire en place et de l’autre, ceux qui semblent être des opposants.  

La situation du pays est gangrenée par la violence djihadiste. La seule issue reste, donc, le dialogue entre d’un côté, la junte qui s'agrippe au pouvoir et l'opposition politique et de l’autre, ladite junte et les pays membres de la CEDEAO.

Bassirou Baki