29ème Assemblée Régionale Afrique de l’APF : M. Seyni Oumarou, Président de l’Assemblée Nationale du Niger, appelle à redynamiser les orientations de l’institution
La 29ème Assemblée Régionale Afrique de l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie se tient à Niamey du 16 au 18 mai 2023 à l’hémicycle de l’Assemblée Nationale du Niger. La cérémonie d’ouverture à été présidée par M. Seyni Oumarou, président de l’Assemblée Nationale du Niger. A cette occasion, il a prononcé un important discours dans lequel il a rendu hommage aux précurseurs de la Francophonie, notamment l’ancien président du Niger, Diori Hamani, celui de la Tunisie, Habib Bourguiba, du Sénégal, Léopold Sédar Senghor et le Prince du Royaume de Cambodge, Norodom Sihanouk. Il a, ensuite abordé plusieurs questions brulantes de l’heure comme le terrorisme au Sahel, la migration clandestine, le changement climatique, la violence sans fin en République Démocratique du Congo, la guerre qui s’installe au Soudan, etc.
D’après le président de l’Assemblée Nationale, « il me semble qu’il n’est nulle part plus pertinent de conduire ces réflexions autour de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie qu’ici, à Niamey, dans ce même hémicycle qui fut le berceau de l’Agence de Coopération Culturelle et Technique, l’ancêtre de la Francophonie ».
Niamey est le point de départ de l’idée d’une institution commune aux Etats francophones puisque elle a accueilli en 1970 la première rencontre d’envergure pour ces Etats, rencontre qui donna naissance à l’Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT) qui, plus tard sera remplacée par l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF).
« Saluons aussi le travail des présidents HABIB BOURGUIBA, LEOPOLD SEDAR SENGHOR, du prince NORODOM SIHANOUK et de tous les précurseurs de la Francophonie, tout en nous disant qu’il revient à notre génération de donner encore plus de contenu à leur rêve de solidarité et de coopération, à travers le partage d’une langue commune de travail ».
Cela fait une décennie que l’APF a été mise sur pied avec pour orientation ‘’la promotion de la démocratie, de l'État de droit et des droits de la personne dans l'espace francophone’’. Pour M. Seyni Oumarou, elle a engrangé d’importants résultats pendant son existence « mais, il n'en demeure pas moins, que dans maints et maints domaines il nous faut encore lui donner davantage de visibilité ».
Dans la ‘’Région Afrique’’, face aux nombreux défis qui assaillent les pays francophones, une présence encore plus significative de l’APF et des organisations de la Francophonie dans leur ensemble est plus que souhaitable, estime le président de la Représentation Nationale.
Evoquant la situation sécuritaire qui prévaut dans les pays du Sahel, il souhaite un élan de solidarité agissante de la part des institutions francophones pour mettre hors d’état de nuire toutes ces « hordes de criminels dont l’objectif semble se résumer à la déstabilisation des Etats et de toutes les structures organisées ».
Selon M. Seyni Omar, « aujourd’hui encore, pendant que nous tenons ces assises nos Forces de Défense et de Sécurité sont sur le qui-vive, certaines de nos populations, au Niger, au Mali, au Burkina Faso sont dans la hantise d’assassinats indistincts, d’enlèvements contre rançon ou de rackets ».
Il fait tout savoir que « nos armées affrontent sans faiblesse tous ces ennemis ; elles le font avec cet engagement et ce courage qui ont permis à nos ancêtres de bâtir des empires prestigieux dont les vestiges jalonnent, encore aujourd’hui, nos paysages ! »
Il souligne que « nous avons besoin du soutien de tous nos amis pour faire échec à l’objectif non avoué des terroristes qui n’est ni plus ni moins que la destruction de nos Etats ! »
S’agissant de la migration clandestine, il indique qu’ « en dépit de toutes les stratégies déployées pour limiter les départs massifs de migrants, malgré tous les dangers dont se fait l’écho la presse internationale, nos jeunes continuent à braver le désert et la mer pour franchir les frontières de l’Europe ».
La migration clandestine nous interpelle tous, laisse-t-il entendre, car elle est une source de banditisme et de délinquance attisés par les maffias transnationales ».
Il appelle l’APF à « aider la communauté internationale à mieux prendre en charge la problématique migratoire dont l’un des enjeux est la restauration de la dignité de l’homme africain ! »
Au-delà de l’APF, exhorte le président de l’Assemblée Nationale du Niger, « la Francophonie dans son ensemble devrait aider nos pays à soigner le mal par la racine en s’attaquant aux causes objectives qui engendrent les migrations clandestines. Il s’agit principalement de la pauvreté aggravée par les conflits de tous ordres et, assez souvent par les caprices du climat ».
Sur ce plan, il en vient au Soudan, un pays africain où « si l’on n’y prend garde, risque de s’installer une guerre civile meurtrière. Il me semble que tous les pays africains, voire la communauté internationale sont concernés. Il faudrait agir rapidement avant que le brasier ne soit hors de contrôle ».
Plusieurs pays africains sont malheureusement en proie à la violence, situation déplorable dont la République Démocratique du Congo est de loin la plus touchée. Pour M. Seyni Omar, pour ces foyers de conflits violents, « nos pays doivent jouer les premiers rôles pour éviter la réédition de ces situations où ne viennent régler les problèmes africains que les organisations et pays assez éloignés des nôtres ! »
Il souhaite que les parlementaires africains, à travers les structures interparlementaires qui les fédèrent, doivent se mettre en première ligne pour plaider auprès des Gouvernements afin que tous les moyens d’action soient mutualisés à l’échelle continentale.
Pour y parvenir, selon le président de la Représentation Nationale, la meilleure des voies est d’aller résolument vers encore plus d’intégration économique.
« A cet égard, la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAF) représente une belle opportunité. Saisissons-la pour donner un contenu plus concret à nos projets d’unité et d’intégration. Comme nous le savons, la réalité économique étant portée par le marché, aller vers un marché unique continental, revient à créer un mécanisme automatique d’unification des sociétés et des peuples d’Afrique », souligne le président de l’Assemblée Nationale.
Il propose aux parlementaires de s’engager à traduire en législations réalistes les orientations de la ZLECAF pour qu’à long terme, l’on parlera beaucoup moins de réfugiés et de migrants clandestins.
Il affirme, en outre, que l’autre espoir de changer structurellement la situation économique et sociale de notre continent est assurément une bonne maîtrise des Technologies de l’Information et de la Communication.
Celles-ci sont un véritable levier de développement grâce au raccourci qu’elles offrent pour combler le retard technologique accumulé par rapport au reste du monde.
« Bien maîtrisées, estime M. Seyni Omar, les Technologie de l’Information et de la Communication peuvent permettre à nos économies de faire de véritables bonds en avant, pourvu que l’on parvienne à prévenir toutes les conséquences délictuelles ou criminelles qui accompagnent, ici et là, leur usage ».
Il faut, enfin, souligner que l’Assemblée Régionale Afrique de l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie est composée de 28 pays du continent africain et a été créée il y a de cela une dizaine d’années.
Bassirou Baki